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Juil 18

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Un an après, du vol MH17 abattu il ne reste que les sanctions contre la Russie

« Il est évident que l’avion a été abattu par un missile sol-air lancé depuis la zone contrôlée par les séparatistes soutenus par la Russie. Les séparatistes n’ont pas pu agir seuls, ils ont eu le soutien de la Russie. »

Voilà les paroles prononcées par le président américain Barack Obama le 18 juillet 2014, au lendemain de la catastrophe aérienne du Vol MH17 de Malaysia Airlines abattu dans la région de Donetsk.

Ses accusations sont toujours fidèlement enregistrées sur le site Web de la Maison-Blanche.

Quelques heures plus tard, le Secrétaire d’État américain John Kerry, parlant de la complicité de la Russie, en remit une couche :  « Il existe un extraordinaire ensemble de preuves. Nous avons les photos du lancement de ce missile, nous connaissons sa trajectoire, nous savons à quel moment précis et d’où il est parti. »

Un an après, la réalité est bien différente. Les soi-disant preuves documentées dont parlaient les plus hautes autorités américaines n’ont jamais été montrées. Et l’enquête semble dans une impasse.

À ce jour, l’enquête menée par la Hollande, l’Ukraine, la Belgique, l’Australie, ainsi que tout récemment la Malaysie n’a pas encore rendu ses conclusions. Le seul document officiel reste le rapport préliminaire publié par le Dutch Safety Board, l’entité hollandaise en charge de la sécurité aérienne de ce vol. Le rapport définitif pourrait être disponible mi-octobre, selon les déclarations de cette même entité à l’ICAO (Organisation internationale de l’aviation civile) :

Malgré tout, durant la semaine qui a suivi la catastrophe, les organes d’information donnaient déjà comme certaine et définitive la dynamique de l’événement, qui aurait été causé par un missile BUK lancé par les rebelles du Donbass avec l’aide de militaires russes. Et c’est précisément pour cette raison que fut lancée une campagne au niveau international pour faire pression sur la Russie et lui infliger quelques jours plus tard des sanctions économiques particulièrement lourdes. Voici quelques exemples de prises de position durant la 2e moitié de juillet 2014 :

  • D’après John Baird, ministre des Affaires étrangères canadien, le Kremlin a chargé l’arme et l’a remise entre les mains des assassins. Il faut donc des sanctions exemplaires contre la Russie.
  • Les ministres des Affaires étrangères anglais, français et allemand affirment que l’Union européenne doit préparer de nouvelles sanctions contre la Russie
  • D’après Hillary Clinton, l’Union européenne doit accentuer les sanctions, trouver des alternatives à Gazprom et soutenir les Ukrainiens
  • Federica Mogherini, alors ministre des Affaires étrangères du gouvernement Renzi : « L’Italie, présidente tournante de l’Union européenne, a proposé un ensemble de nouvelles sanctions contre la Russie. L’Italie insiste pour que les sanctions soient étendues, et qu’on y ajoute des mesures contre les citoyens et les entreprises russes. »
  • Franck Timmermans, ministre hollandais des Affaires étrangères : « L’Union européenne va élargir les sanctions. »

Et c’est justement la Hollande (le pays qui a déploré le plus grand nombre de victimes dans l’incident) qui a été appelée à mener l’enquête, déléguée en cela par l’Ukraine. Il s’est rapidement avéré que l’enquête manquait totalement de transparence, comme cela a déjà été mis en évidence par le site Megachip :

  • Le 8 août 2014, les quatre États (Pays-Bas, Ukraine, Australie et Belgique) qui mènent l’enquête se mettent d’accord en secret pour la mise en place d’un droit de véto sur la divulgation des informations et des résultats de l’enquête, comme cela a été confirmé ensuite par les Pays-Bas et l’Australie.
  • Le rapport préliminaire publié le 9 septembre 2014 est largement corrigé le lendemain dans le but d’enlever à l’Ukraine toute responsabilité pour ne pas avoir assuré la sécurité des vols en transit dans son espace aérien

Robert Parry, le journaliste américain qui avait à l’époque contribué aux révélations de l’affaire Iran Contras, a demandé des informations additionnelles à la CIA, en partant du principe que l’Agence devait détenir un grand nombre de renseignements sur l’affaire MH17. Des photos satellites, mais également des écoutes des communications. Pour toute réponse, la CIA s’est limitée à renvoyer le journaliste au rapport publié 4 jours après le crash. Pour Parry, il est clair qu’il y a dissimulation de preuves, pour ne pas admettre que les Russes sont étrangers à cette catastrophe.

Un an après ce tragique accident, les causes de la catastrophe restent encore à éclaircir et aucune responsabilité n’a été clairement établie. Le rapport préliminaire du Dutch Safety Board avait évoqué des objets à grande vitesse provenant de l’extérieur de l’avion et qui auraient frappé l’appareil. Mais le 21 juillet, c’est-à-dire 4 jours après le crash, le ministre de la Défense avait affirmé qu’au moment de l’accident, le radar de Rostov avait relevé des traces de la présence d’un avion de combat, probablement un SU-25, tout près du Boeing : en outre, une intense activité de radars 9S18 Kupol-M1 utilisés par les systèmes de missiles BUK-M1 ukrainiens avait été détectée dans la zone de la catastrophe.

Il existe également un important témoignage, vérifié et validé par les enquêteurs russes, celui d’Evgeny Agapov, qui effectuait son service militaire comme mécanicien dans la première brigade d’escadron de l’aviation tactique de l’Aéronautique militaire ukrainienne. Agapov explique que le 17 juillet 2014, un avion de chasse SU-25 de l’aviation ukrainienne, piloté par le capitaine Voloshin, avait décollé pour une mission. L’avion serait ensuite revenu à la base sans munitions et Voloshin semblait bouleversé après l’atterrissage.

Plus récemment, la société russe d’État, Almaz-Antei, qui fabrique les missiles BUK, a publié les preuves montrant que l’avion de Malaysia Airlines aurait été abattu par un missile 9M38M1 BUK-M1, dont disposent les forces armées de Kiev. Et sur la base de la reconstruction de la trajectoire faite en se référant aux dégâts causés par les projectiles à la carlingue, le missile aurait été lancé depuis la zone de Zaroshenskoie, qui était alors contrôlée par l’armée ukrainienne.

À l’inverse, à la veille de l’anniversaire de l’événement, CNN publie à grand fracas certaines soi-disant indiscrétions sur les conclusions du rapport du Dutch Safety Board, non confirmées, selon lesquelles le vol MH17 aurait été abattu par un système BUK aux mains des rebelles russophones. Aucun élément concret n’est montré dans le bref reportage du média américain.

Comme en réponse à ce reportage, le vice-chef de l’Agence fédérale russe pour le transport aérien, Oleg Storchevoy, fait remarquer que si le missile, comme l’affirment les Occidentaux, avait été lancé par les rebelles depuis la région de Snezhnoye, tous les experts s’accordent pour dire qu’il aurait inévitablement été repéré plusieurs fois par les radars civils de Rostov, une ville russe toute proche.

Bien que l’enquête officielle conduite par le Dutch Safety Board n’ait toujours pas rendu ses conclusions un an après le crash, ces mêmes pays qui conduisent l’enquête font actuellement pression au niveau international pour que soit approuvée à l’ONU une proposition de résolution visant à la mise en place d’un tribunal international chargé de poursuivre les responsables de la catastrophe aérienne, qui ne sont toujours pas connus à ce jour. Et de mettre en garde la Russie contre tout usage de son droit de véto.

Il s’agit en fait de gagner encore du temps. Même si certains pays [occidentaux] ont déjà obtenu voilà un an le résultat escompté : accuser immédiatement les rebelles du Donbass pour arrêter leur avancée militaire aux dépens de l’armée ukrainienne, et accuser la Russie de complicité, la rendant coresponsable de l’incident afin de pouvoir imposer de nouvelles sanctions économiques. La vérité, elle en revanche, peut toujours attendre.

Enrico Santi
Pour Megachip, le vendredi 17 juillet 2015

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

 

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