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Déc 29

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Suite à son expulsion d’Estonie, Giulietto Chiesa va travailler avec le journal La Voix de la Russie

Le destin (ou plutôt les circonstances de cette situation internationale) a voulu que ma collaboration avec La Voix de la Russie commence avec mon « arrestation » en Estonie.

Coïncidence fortuite, mais pleine de signification, car, selon des informations non officielles, j’aurais été expulsé d’Estonie parce que j’exposais le point de vue de la Russie, et  qu’en cela je représentais un danger pour la sécurité nationale de l’État estonien.

Cette affirmation, sortie par voie de presse hier, est extrêmement importante, car elle indique clairement qu’eux-mêmes savent pertinemment qu’ils ont commis une violation très grave des normes européennes. Dans cette phrase, il est dit que je ne peux pas entrer sur le territoire de l’Estonie, même si je suis citoyen européen, car mes idées ne coïncident pas avec celles du gouvernement estonien. Mais cela est rigoureusement interdit par les lois européennes : en effet, en tant que citoyen européen, j’ai le droit d’exprimer mon point de vue, j’ai aussi le droit de me rendre dans n’importe quel coin d’Europe sans en demander l’autorisation à quiconque. Et facteur aggravant, je suis journaliste, et j’ai donc d’autant plus le droit d’exprimer mes idées par écrit ou à la télévision.

Je vais donc initier une collaboration avec La Voix de la Russie, non parce que j’exprime les idées de la Russie, au contraire j’expose mes positions personnelles, celles d’un citoyen européen qui pense qu’il faut discuter et travailler avec la Russie, et qu’il ne faut absolument pas lui faire la guerre, sous quelque forme que ce soit, car ce type de rapport conflictuel ne fait pas partie d’une saine participation à la vie internationale. Mais surtout, je fais ce travail parce que je défends les positions de l’Europe, et je pense que son intérêt est précisément d’avoir de bons rapports stratégiques de coopération avec la Russie. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit depuis plusieurs décennies : l’Italie et l’Europe ont établi avec la Russie et auparavant, avec l’Union soviétique, des rapports productifs efficaces et utiles.

C’est dans cet état d’esprit que je conçois mon travail, et en particulier le travail que je commence aujourd’hui comme collaborateur d’un organe de presse russe. Je suis avant tout journaliste, mon rôle est de fournir de bonnes informations : vérifiées, correctes, pertinentes. Et lorsqu’elles sont difficiles à expliquer, je peux donner mon interprétation des faits. Lorsque j’ai accepté ce travail, on ne m’a pas demandé d’uniformiser mes positions avec celles d’autres personnes. Je dirai toujours  ce que je pense avec une totale franchise, car je suis convaincu que c’est le meilleur moyen d’avoir des interlocuteurs. Chaque interlocuteur, que ce soit un pays, un collègue, un État, a sa propre histoire, ses principes, sa politique et ses motivations. Il est évident qu’il n’y a pas identité, mais il n’y a jamais identité. Il y a au contraire diversité, qui peut être petite, grande ou gigantesque. Mais [ce travail] est un outil  qui peut favoriser le rapprochement des positions et dans tous les cas, la clarification des différences.

Je mets au service de cette opération ma connaissance du public occidental, et en particulier du public italien. Car pour dialoguer avec ce public, il faut en connaitre les orientations, la psychologie, la notion du temps et de l’espace, qui sont propres à chaque peuple. C’est en cela qu’il est important que l’interprète de cette communication connaisse ces différences. Et par mon expérience, je les connais et je les mets à disposition de ce travail.

L’accusation du gouvernement estonien est, entre autres choses, parfaitement infondée. Je ne suis pas ici pour exprimer le point de vue russe, et par là, représenter un danger ou une menace pour la sécurité nationale de quiconque. Ce travail est au contraire l’occasion d’éliminer toute menace, toute hostilité, tout comportement lié à l’incompréhension. Les Messieurs du gouvernement estonien qui ont pris cette décision ont involontairement révélé un sentiment hostile qu’ils ont reporté sur moi. Mais ce sentiment hostile n’est pas entré en moi, et est totalement étranger au travail que je m’apprête à faire avec La Voix de la Russie.

Giulietto Chiesa
18 décembre 2014

Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

Titre original : Des informations vraies pour récupérer de bonnes relations pour La Voix de la Russie

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