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Août 11

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[2/2] Roberto Quaglia : Le monde d’aujourd’hui se divise en deux catégories: les Confiants et les Désenchantés.

Quand un auteur de science-fiction nous met devant la réalité du Monde… : deuxième et dernière partie de l’article de Roberto Quaglia(*) sur le nouveau schisme apparu dans la population mondiale avec l’arrivée d’Internet, entre les Confiants et les Désenchantés de l’information.

 

L’écrivain et auteur de science-fiction italien Robert Quaglia

 


– DEUXIÈME PARTIE –

(vous pouvez retrouver la 1ère partie ici)

Le monde d’aujourd’hui se divise en deux catégories : les Confiants et les Désenchantés.

Par Roberto Quaglia – roberto.info

[…] Le foisonnement créatif entre les personnes qui collaborent sur Internet dans le but de comprendre ce qui se passe dans le monde au-delà de ce qu’en rapportent les médias traditionnels est un phénomène extraordinaire qui trouve son équivalent seulement dans les principales révolutions culturelles du passé. Les grands journaux s’opposent à ce processus, mais en continuant de mentir sur les grands événements du monde, ils perdent constamment leur autorité, et de plus en plus de lecteurs Désenchantés les abandonnent. Le tirage des journaux baisse régulièrement et fortement en Occident. Une partie des lecteurs désorientés se rabattent sur les versions en ligne des journaux traditionnels. Mais s’il leur est permis de formuler des commentaires sur les articles, alors que le journal tente d’imposer d’évidentes contre-vérités (surtout à propos de la fictive « guerre contre la terreur »), on retrouve alors la partie « commentaires » pleine d’informations que le journal à censurées ou déformées. On touche ainsi au grotesque sublime : au-delà des apparences, c’est le flux d’informations qui s’inverse, et les lecteurs communiquent à l’auteur de l’article ce qu’il a oublié d’écrire. Jamais dans l’Histoire ne s’était produite une chose pareille.

L’univers d’Internet a donc modifié en profondeur le paradigme de la circulation de l’information. Et beaucoup de « Confiants » ont du mal à s’habituer à ce nouveau paradigme.

Avant l’Internet, les choses étaient plus faciles. Pas la peine de trop réfléchir. Les informations nous parvenaient de sources « d’autorité » comme les télévisions et la presse écrite, et même si les opinions exprimées étaient divergentes, il demeurait une certaine cohérence dans les faits relatés. S’il y avait une guerre, on disait qu’il y avait une guerre. Ou à la limite, une Mission de Paix, le synonyme hypocrite de plus en plus en vogue depuis que l’Occident a adopté la « nov-langue » d’Orwell [1]. Pour rester informé, il suffisait alors de croire ce que l’on entendait ou lisait.

Mais depuis qu’Internet a multiplié à l’infini les « sources » d’information, on a découvert que les faits sont souvent dramatiquement différents de ce que nous en rapportaient les médias traditionnels. Cependant, sur Internet, toutes les sources ne sont pas fiables. Il y en a tout simplement trop pour qu’elles puissent toutes être dignes de foi. Croire ce qu’on entend ou ce qu’on lit ne suffit plus. Il faut réfléchir. Discerner. Extraire. En plus du travail intellectuel, cela nécessite du temps et de l’attention. Pris par les vicissitudes quotidiennes, nombreux sont ceux qui n’en ont pas suffisamment. Et pour éviter de bouleverser leurs certitudes et leurs habitudes, ils restent Confiants envers l’ancien système. À court terme, c’est indubitablement plus pratique.

La tendance à croire les sources réputées « autorisées » ou « d’autorité » est un processus vieux comme la nature humaine. L’origine de cette caractéristique est complexe et il faudrait lui consacrer un livre entier pour tenter de l’expliquer. Mais on peut sans doute en extraire l’essence en prenant un exemple. L’écrivain Giulio Cesare Giaccobe a connu un succès considérable avec ses livres psychologiques destinés au grand public. Le principal problème que rencontrent les gens – illustré par l’exemple de Giacobbe – est l’incapacité à évoluer vers un individu psychologiquement adulte. À l’intérieur de la plupart d’entre nous se cache l’enfant casse-couilles qui exige d’avoir toujours ses parents à disposition pour résoudre ses problèmes. Un enfant, par nature, n’est pas « responsable » (et la Loi le stipule clairement). Une partie de cette « irresponsabilité » perdure toute notre vie et est à l’origine de désastres à n’en plus finir. Dans le cas présent, le désastre qui nous intéresse est celui de la confiance que nous nous obstinons à accorder à une autorité dont il a déjà maintes fois été démontré qu’elle nous mentait. Les parents peuvent nous raconter mille balivernes, si nous sommes un enfant, la confiance envers eux ne disparaît pas (jusqu’au moment où, éventuellement, elle s’écroule totalement, après quoi nous croyons tout le contraire de ce que les « traîtres », parents, journaux, etc. nous communiquent – cette perte totale de confiance nous sert donc bien peu si nous restons psychologiquement des enfants).

De nombreux Confiants ont eu accès, de façon bénéfique, à l’information alternative disponible sur Internet. Ils ont pu vérifier de leurs yeux que les « Journaux et Télévisions faisant Autorité », à certaines occasions et non des moindres, leur ont menti. Mais souvent, leur confiance n’en est pas altérée. Un cas exemplaire est celui de la crise économique en cours. Annoncée depuis plusieurs années déjà par les Cassandres « complotistes » sur Internet, elle a, malgré tout, pris au dépourvu des millions de personnes quand, en septembre 2008, est survenu l’un des pires effondrements des Marchés de mémoire d’homme. Pourtant, jusqu’en juillet 2008, les journaux faisant « autorité » dans lesquels les Confiants puisent leur ration quotidienne de réalité suggéraient que dès septembre on assisterait à une reprise des Marchés. Au même moment, sur Internet, apparaissaient déjà les dates probables de l’effondrement : septembre. [a]

Deux mois plus tard, avec une grande ponctualité, les économies de millions et de millions de personnes se volatilisaient, à la plus grande stupeur des Confiants. Aujourd’hui, un an après les faits, ces mêmes journaux qui mentirent à l’époque nous promettent qu’ « on verra une reprise en 2010 ou 2011 ». Et que font les Confiants, déjà trahis (et donc cocus) par leurs journaux faisant « autorité » en 2008 ? Ils y croient, évidemment ! Cocus et prêts à recommencer au plus vite. Malgré toutes les sottises que nous racontent nos parents, si nous voulons rester des enfants, il faut continuer à croire ce qu’ils nous disent (paradoxalement, on les croit aussi lorsque la confiance trahie se transforme en haine, puisqu’on adhère alors au contraire de ce qu’ils nous disent)

En fin de compte, le vrai problème n’est pas de dépasser la confiance aveugle mise dans l’autorité vue comme un parent, mais bien de devenir psychologiquement adulte de manière à pouvoir se passer de ce substitut institutionnel des parents. Je m’explique : comme vous le savez sans doute, il existe aux États-Unis un mouvement populaire, présent aussi dans d’autres pays occidentaux, qui demande haut et fort une nouvelle enquête sur les événements du 11-Septembre. Mais à qui est-il demandé de conduire cette enquête ? Eh bien aux mêmes qui auraient organisé le 11-Septembre, naturellement (pas exactement aux mêmes individus, mais le sens est celui-là). Comment est-ce possible ? Vous dites que le 11-Septembre a été organisé par le gouvernement et ensuite vous demandez à ce même gouvernement d’investiguer ? C’est comme un enfant qui, une fois convaincu que son père lui a volé de l’argent, demande à ce même père d’ouvrir une commission d’enquête sur le vol, pour enquêter sur lui-même. Qu’espère obtenir l’enfant ? Quelles que soient ses nobles attentes, la seule chose qu’il récoltera sera une gifle magistrale. Le pouvoir n’enquête pas sur lui-même. Ou s’il le fait, il fait semblant. Lui demander de le faire est une réaction puérile exactement comme l’exemple de l’enfant casse-couilles qui embête son père voleur. On voit dans cet exemple comment beaucoup de Confiants devenus Désenchantés restent malgré tout psychologiquement des enfants (et donc intrinsèquement des Confiants) qui demandent à l’autorité malveillante et traîtresse de redevenir celle qu’ils croyaient bonne et honnête – autrement dit, ils demandent à cette autorité d’apprendre à mieux leur mentir, à mieux faire semblant d’être une bonne autorité (les faux procès tristement célèbres contre des boucs-émissaires servent exactement à cela), de façon à ce qu’ils puissent de nouveau revenir dans le monde des Confiants dont ils ont été chassés à grands coups de pieds au cul, et dont ils gardent une grande nostalgie. Tout ceci est plutôt pathétique et risible. Quand tu constates que les choses ne vont pas comme tu voudrais, tu as le choix : soit tu fais en sorte d’exercer toi-même le pouvoir que selon toi d’autres exercent mal (approche « révolutionnaire »), soit tu te satisfais juste du fait de comprendre (approche « philosophique »). Se lamenter est puéril, et si dans la vie civile tu n’es plus un enfant, c’en devient pathétique.

Comme dit plus haut, les raisons pour lesquelles tant de personnes restent des Confiants sont nombreuses. Nos modèles de réalité se réduisent fondamentalement à des narrations que nous avons élaborées pour nous-mêmes, et que nous nous répétons de temps en temps, en fonction des besoins. Plus nous aurons investi de temps et d’énergie à l’élaboration d’une telle narration intérieure, moins nous serons prêts à jeter cet investissement pour une narration alternative, peu importe qu’elle soit meilleure. C’est aussi pour cette raison que plus on vieillit, moins on est disposé à changer d’avis. L’investissement des années durant dans nos propres narrations est tout simplement trop important pour pouvoir y renoncer. On s’attache à ses propres idées comme à ses enfants (par ailleurs, tous deux sont des reproductions, les enfants reproduisent les gènes, les idées imitent les « mêmes » [NdT : attention, « mêmes » est pris ici dans le sens de l’unité culturelle définie par la mémétique – NdT]  – lire à ce propos Il Gene Egoista de Dawkins)

Beaucoup de Confiants cheminent au bord de la perte de confiance. J’en ai rencontré un certain nombre qui, face à des arguments forts, vacillent un instant, s’assombrissent, semblent être convaincus et laissent échapper que si je dis la vérité, alors ils ne pourraient plus (ou ne voudraient plus) vivre dans un monde aussi dégoûtant. Et le lendemain, leur esprit est de nouveau débarrassé des doutes et confortablement réfugié dans la placide morgue des Confiants.

Mais on peut aussi décider intentionnellement de rester Confiant, si l’on est assez sage. Durant les dernières années de sa vie, le grand écrivain américain Robert Sheckley fut un de mes proches amis. Ensemble, nous avons parcouru l’Europe de long en large et discuté de beaucoup de choses. En septembre 2004, alors que j’écrivais mon livre “Il Mito dell’11 Settembre“, nous nous rendîmes à un salon du livre à Saint Petersbourg, et je ne résistai pas à la tentation de connaître son opinion sur les événements du 11-Septembre. Pour des raisons évidentes, j’avais ce thème souvent en tête à l’époque. L’opinion de Sheckley se révéla très conventionnelle, ce qui me surprit, car Sheckley disposait d’un esprit bien peu conventionnel. Je formulai quelques phrases dans la direction que vous imaginerez facilement, et tout se passa alors très vite. Il me jeta un regard malicieux et fit une moue amusée et soupçonneuse. Je hasardai encore deux ou trois phrases, et il changea brusquement d’expression et m’interrompit en disant : “Je ne veux pas le savoir. Je connais déjà tout cela. C’est l’histoire habituelle des Hommes et du Monde, c’est toujours la même histoire. Peu importe qui a fait quoi cette fois encore, qui a tué qui et pourquoi. C’est dans tous les cas toujours exactement le même refrain hideux, et cela ne m’intéresse pas. Parce que si je commence à connaître certains détails, alors je veux en connaître d’autres, et à la fin je m’énerverai et je devrai alors perdre mon temps à réfléchir à ces saloperies au lieu de tout ce à quoi j’ai envie de réfléchir, ce qui m’intéresse vraiment ”.

Je me tus. C’était un point de vue sage et tout à fait respectable. Sheckley était intéressé par d’autres mystères de l’existence et c’était son droit le plus légitime que d’utiliser son esprit à des choses qui l‘intéressaient vraiment. Mon intuition me dit qu’avec quelques phrases de plus, son intelligence lui aurait interdit de continuer à ne pas comprendre de quelle illusion il avait été victime. Il avait décidé de rester Confiant sur ce thème, au nom de l’inutilité générale et des dommages personnels qu’entraîne le fait de devenir Désenchanté. Je précise au passage que Sheckley n’a jamais eu peur de sonder les abymes de la réalité et de l’âme humaine ; pour ceux qui ne connaissent pas son œuvre (c’est pas bien !) il suffit de rappeler que dans les années cinquante, à l’aube de la télévision, il prévoyait déjà dans ses récits l’avènement des Reality Shows où les concurrents pourraient être tués ou sauvés par les téléspectateurs – se référer aux films tirés de ses œuvres, comme La decima Vittima et Le prix du Danger). Un an plus tard, à l’âge de 77 ans, Sheckley s’éteignait, après avoir consacré sa dernière année de vie à réfléchir à ce qu’il voulait, lui. Il avait indubitablement pris une sage décision

Une mention spéciale doit être attribuée aux Confiants adeptes de la littérature de science-fiction, et plus particulièrement aux amateurs de Philip K. Dick. Le concept d’une vision illusoire de la réalité qui s’efface et part en lambeaux, révélant ainsi une réalité totalement différente, est un thème habituel de la littérature de science-fiction. On pourrait penser que cette population, habituée à ces scénarios, serait plus sensible que d’autres à identifier les symptômes de mystifications lorsqu’ils en sont les victimes. Mon impression (moi qui fréquente souvent ce monde) est que finalement il n’en est rien. La proportion de Confiants ne me semble pas inférieure à celle présente dans d’autres catégories de population. Être familier de scénarios imaginaires de sociétés folles où règnent des systèmes de mystification totale et systématique ne suffit pas à les identifier lorsqu’ils se manifestent vraiment. Il faut se rendre à l’évidence, l’esprit humain est formé de couches, de compartiments souvent étanches entre eux.

Une âme « cyber-punk », cynique et désenchantée, peut cohabiter dans le cerveau d’une personne croyant aux cartomanciens et autres balivernes.
Maintenant que nous avons passé en revue certaines des raisons pour lesquelles beaucoup de Confiants le restent, prenons quelques minutes pour examiner la façon qu’a le cerveau de conserver ses propres illusions.

La méthode vient d’une erreur systématique que le cerveau humain tend à faire devant une information déstabilisante. Cela s’appelle le « biais de confirmation ». Notre cerveau accepte en général toutes les informations qui confirment nos croyances, et rejette celles qui s’y opposent. Les informations désagréables entrent littéralement par une oreille et ressortent par l’autre. Nous avons tous été confrontés à ce problème. Combien de fois s’est-on exclamé : « c’est comme parler à un mur » ? Ceci explique pourquoi des personnes par ailleurs intelligentes, mises en présence d’informations indéniables sur des faits controversés comme le 11-Septembre, événements en mesure de déstabiliser complètement la confiance que nous avons dans le système qui nous fournit les informations sur l’actualité dans le monde, sont visiblement incapables de les accepter. Si nous voulons comprendre le monde et la réalité, le « biais de confirmation » est très certainement notre ennemi le plus implacable. Mais savoir qu’il existe ne suffit pas à en éliminer les effets. Notre esprit refuse de comprendre ce qui ne lui plait pas. C’est pour cela que confronté à un deuil qui nous touche de près, nous restons longtemps incrédules. Et c’est pour cette raison que les enfants ferment les yeux quand ils ont peur, pensant que le fait de ne pas voir le danger suffit à l’annuler.

L’une des méthodes logiques classiques pour différencier une explication correcte des choses d’une explication fausse est l’utilisation de ce qu’on appelle le « Rasoir d’Occam », crée par  William of Ockham, figure du 14e siècle. « À égalité de facteurs, l’explication la plus simple tend à être la bonne. »

Le principe du Rasoir d’Occam est la base de la pensée scientifique moderne, et il est pourtant le plus souvent violé lors des explications faites par les autorités sur certains problèmes cruciaux du Monde.

Sur les faits du 11-Septembre par exemple, la version officielle impose de croire qu’une quantité extraordinaire de choses tout à fait improbables se sont produites les unes à la suite des autres, au mépris de toutes les lois de la probabilité. Nous pourrions en faire la liste ici, mais justement je l’ai faite dans les 500 pages de mon livre Il Mito dell’11 Settembre, et dans cet article je me contenterai donc d’un exemple singulier que j’illustrerai après cette rapide introduction.

En général, la Nature n’aime pas les exceptions et c’est pour cela que la Science a découvert les “lois de cause à effet”. La Nature tend à avoir un comportement régulier, et des effets similaires impliquent généralement des causes similaires. C’est pour cela que les scientifiques n’aiment pas recourir à des causes sans précédent pour expliquer des phénomènes communs. Jusqu’au 11-Septembre, l’écroulement rapide, symétrique et total de gratte-ciels d’acier était un phénomène plutôt normal aux USA. Chaque fois qu’il survenait, sans aucune exception, c’était le résultat d’une démolition contrôlée à l’aide d’explosifs synchronisés. D’un point de vue scientifique, donc, le Rasoir d’Occam s’applique, et l’explication la plus simple et évidente pour les effondrements rapides, symétriques et complets des trois tours du World Trade Center le 11 septembre 2001 est l’hypothèse de la démolition contrôlée. C’est l’explication la plus simple, et qui s’accorde avec la logique du Rasoir d’Occam. C’est donc la première hypothèse à vérifier. Mais officiellement, elle n’a jamais été prise en considération. Et pour parvenir à expliquer les raisons des effondrements des Tours Jumelles, on a au contraire eu recours à la rédaction de milliers et de milliers de pages qui tentent d’expliquer, d’une façon évidemment extrêmement compliquée, ce que la thèse de la démolition contrôlée explique de façon élémentaire; et de surcroît, dans les conclusions, on renonce complètement à fournir une explication à la dynamique de la chute (qui, quod erat demonstrandum [ CQFD – NdT], ne peut s’expliquer que par une démolition contrôlée), la faisant passer de façon laconique et grotesque comme “inévitable”.[2]

Résumons : où que l’on regarde, ça ressemble à une démolition contrôlée. Ça a la dynamique d’une démolition contrôlée, la durée d’une démolition contrôlée, l’apparence esthétique d’une démolition contrôlée. Petite question : ça ne serait pas par hasard une démolition contrôlée ? Non, non ! jurent les scientifiques gouvernementaux, les apparences sont trompeuses, mais on ne sait pas bien expliquer le « pourquoi », c’est pour cela qu’on ne vous l’explique pas, c’est parce qu’il n’y a pas de « pourquoi », la dynamique de la chute a été ce qu’elle a été, parce que c’était inévitable. Inévitable, un point c’est tout.

Oui, oui, euh, enfin non, non ! répètent en cœur les troupes de Confiants arrogants depuis leur refuge hypnotique et tribal, la réalité ne fait aucun doute, quels que soient les faits qu’on nous révèle.

Le vieux truc de la « vérité révélée » fonctionne toujours à merveille. Qui dit que la religion est en crise ?

Nota bene : j’ai parlé avec des Confiants qui, connaissant le principe du Rasoir d’Occam, sont parvenus à en modifier le sens au point de le faire coller à leurs propres convictions. Mais l’exercice n’a pas été inutile. De tout cela, j’ai appris une chose importante, moi. En parler ne sert à rien. Celui qui peut et veut, comprendra, celui qui ne peut pas ou ne veut pas restera sourd à toute logique qui viole ses convictions (même si un beau jour il change tout à coup d’idée et vient te dire : J’avais compris dès le début, moi – c’est ce qu’on appelle l’erreur du jugement rétrospectif, en langage technique le hindsight bias, la conviction erronée d’avoir toujours su ce qu’en réalité on vient à peine de comprendre)

La logique du Rasoir d’Occam s’applique bien à la compréhension de la façon dont les choses se sont passées, que ce soit pour l’énorme attentat du 11-Septembre ou pour le tout petit contre Berlusconi.

En ce qui concerne le méga-attentat du 11/9, l’hypothèse du complot d’al-Qaida telle que soutenue par le gouvernement américain, pour pouvoir se vérifier, nécessite que ce jour-là se soit produite une monstrueuse séquence d’événements jamais survenus auparavant, tous tellement improbables qu’ils étaient virtuellement impossibles. En pratique, c’est comme si l’on gagnait au Loto plusieurs fois de suite. Les obstacles statistiques sont insurmontables (j’invite ceux qui en doutent à lire mon livre sur le sujet). En revanche, l’hypothèse que l’attentat ait été orchestré par une faction “canaille” de l’appareil au pouvoir aux USA, malgré son indubitable complexité, est infiniment plus simple et ne comporte aucune véritable impossibilité.  Et ce ne sont pas les précédents historiques qui manquent – l’Histoire du Monde nous enseigne que pour justifier une nouvelle guerre, rien ne vaut de feindre d’avoir été attaqué (inutile de rappeler que celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la répéter). Et donc, c’est l’option la plus logique, selon le Rasoir d’Occam.

« À égalité de facteurs, l’explication la plus simple tend à être la bonne. »

En ce qui concerne le mini-attentat contre Berlusconi le 13 décembre 2009, c’est au contraire l’hypothèse de l’arnaque qui requiert les explications les plus compliquées. Il n’y a pas vraiment d’indication en faveur de cette hypothèse (celles relevées sur le Net sont carrément risibles). Par contre, la thèse qu’il se soit agi du geste d’un crétin qui a réussi grâce à une faute d’inattention du service d’ordre est simple et évidente. Inutile de couper les cheveux en quatre.

« À égalité de facteurs, l’explication la plus simple tend à être la bonne. »

Gardez bien à l’esprit le Rasoir d’Occam et vous limiterez les erreurs en cette étrange époque que nous vivons et qui semble en effet tout droit sortie de la plume paranoïaque de Philip K. Dick.

Et pour finir, il reste une catégorie de personnes dont nous n’avons pas parlé. Ils font partie des Confiants, mais de mauvaise foi. Cette catégorie comprend des hommes politiques, des journalistes et des personnes ayant des rôles critiques à l’intérieur du système. Les hommes politiques qui, secrètement, sont Désenchantés et cyniques, sont contraints par les circonstances de se présenter comme Confiants. À la veille d’une crise économique et systémique dont la portée n’a pas d’égale dans le passé, aucun politique (du moins dans notre pays) n’a de baguette magique pour faire disparaître le problème. Mentir, étaler son optimisme afin de retarder la catastrophe est d’une certaine façon le meilleur choix. Il est vrai qu’ainsi, on ne fait que gonfler ultérieurement des bulles qui nous exploseront à la figure en des catastrophes encore plus terribles, mais au moins cela se produira plus tard, et pour le moment on survit. C’est un peu facile de dire que les politiques pourraient résoudre le problème en arrêtant tous les banquiers et en recréant le système monétaire de zéro sur des bases plus réalistes.
C’est facile de le dire. Mais essayez donc de le faire. Comment ferait-on pour gérer la disparition simultanée de toutes les épargnes de tout le monde ? Quelles conséquences pratiques aurait un tel événement ? Le verbe est facile, mais l’action c’est une autre affaire. L’imagination est une chose, la réalité en est une autre.

Les politiques doivent en effet mentir aujourd’hui chaque fois qu’ils le pensent nécessaire. En fin de compte, ce n’est pas de leur faute, c’est la faute de ceux qui veulent croire à leurs mensonges. Même si cela est désagréable à entendre, les mensonges sont imposés à ceux qui préfèrent être trompés plutôt que devoir affronter une vérité indésirable. Les citoyens-enfants qui ne sont jamais parvenus au stade adulte de celui qui est en mesure de regarder en face l’angoissant gouffre de la réalité complexe des choses sans s’évanouir ou faire « dans son froc » ont un constant besoin d’être trompés vis-à-vis de la nature du monde dans lequel ils vivent. La meilleure preuve en est que ce sont les citoyens qui choisissent leurs hommes politiques en les élisant, et c’est donc de leur responsabilité exclusive que d’opter pour des individus qui leur mentent systématiquement. D’abord, ils votent parce qu’ils croient à leurs boniments, et ensuite ils les accusent d’avoir fait ce pour quoi ils les ont choisis : mentir. Et ils revotent pour eux, croyant à nouveau à leurs bobards toujours plus gros. Comme des enfants qui font des caprices devant leurs parents, mais vu qu’ils sont enfants, ne peuvent pas se passer d’eux. On oublie le fait que les politiques (comme une grande partie des êtres humains d’ailleurs) mentent depuis au moins plusieurs milliers d’années, et qu’il est totalement puéril de croire qu’ils s’arrêteraient justement maintenant, pour nous faire plaisir à nous. Dans tous les pays, les politiques mentent à un niveau toléré/demandé par leur peuple. Les politiciens menteurs sont avant tout le symptôme de l’immaturité d’un peuple et non la cause de ses malheurs. (L’Europe du Nord fonctionne mieux que les pays méditerranéens, car les politiques sont en moyenne moins menteurs et malhonnêtes, mais cela se produit parce que les peuples qui les élisent sont beaucoup moins indulgents envers les mensonges et les embrouilles des gouvernants – et cela finit par sélectionner une classe dirigeante plus honnête, ou, en tout cas, moins visiblement malhonnête – avec parfois, malgré tout, des catastrophes là-haut aussi, comme en Islande récemment.

L’autre grande catégorie dans laquelle on retrouve beaucoup de Confiants de mauvaise foi, c’est celle des journalistes. Je parle de ceux des grands médias, avec des salaires élevés et des privilèges. Ces journalistes, bien souvent, mentent à cause de leur conflit d’intérêts personnel : par déontologie professionnelle ils devraient rapporter la vérité, mais leur intérêt personnel est de conserver leur travail, leur salaire et leurs privilèges, et donc ils éviteront soigneusement d’écrire quoi que ce soit qui pourrait les leur faire perdre. Ils ne sont donc pas crédibles pour une question de principe. Pour le devenir, ils devraient décider de travailler sans être rémunérés. Cela dit, il existe aussi une multitude de journalistes réellement Confiants qui croient vraiment aux bobards qu’ils racontent. Les journalistes sont humains, eux aussi, et le « biais de confirmation » fonctionne aussi pour eux. Comme disait le Sage :
« Il est difficile de faire comprendre une chose à quelqu’un quand son salaire dépend du fait qu’il ne la comprend pas »

Si cet article vous a permis de comprendre quelque chose (j’espère que cela ne menacera pas votre salaire), offrez-moi un café, ou une bière, ou une pizza, ou un beau dîner, ou une call-girl (c’est désormais une tradition institutionnelle [en Italie – NdT], qui a valeur d’échange de bons procédés, non assujetti à la TVA et non imposable. Évidemment, ces services seront dévolus aux plus nécessiteux. Etant donné de sombres raisons de comptabilité, nous n’acceptons pas le paiement en « transsexuels » au cas où vous chercheriez sur le Net les taux de change les plus à jour). [NdT : Référence directe aux récentes affaires d’hommes politiques italiens mis en cause dans des affaires de prostituées ou de transsexuels]

En outre, si cet article vous a permis de comprendre quelque chose, dites-le à vos amis. Qu’ils le lisent eux aussi. Ainsi, la prochaine fois que vous discuterez des joyeusetés du monde, vous éviterez les disputes habituelles. Ce qui vous amènera éventuellement à des disputes inhabituelles, mais on ne peut pas tout avoir. Surtout si l’on n’est pas un richissime banquier.

par Roberto Quagliaroberto.info

 

Références de l’auteur

  1. La « nov-langue » fut une intuition géniale de George Orwell dans son fameux livre 1984. Elle consiste en l’acte surréaliste d’attribuer à un mot aussi son sens opposé, en vertu du fait que celui qui contrôle le sens des mots contrôle aussi la réalité. La dystopie orwellienne visait à illustrer la société horrible dans laquelle devait sombrer le communisme. Mais le communisme n’a pas duré suffisamment longtemps, et le cauchemar orwellien, petit à petit, est en train de convoler en justes noces avec la société dite « démocratique ». La cérémonie (dont certains affirment qu’elle a déjà eu lieu avec la ratification du Traité de Lisbonne) est le prélude à une union entre Nations dans laquelle le divorce ne semble pas être toléré ; les malveillants insinuent que l’empilement politique conduira inévitablement à des orgies systémiques, au sein desquelles il ne sera pas permis aux participants coalisés de choisir le rôle qu’ils veulent interpréter.
  2. Rapport final du NIST (2005). NCSTAR 1, p xxxvii.
     

Références :

[a] Voir par exemple les bulletins du Laboratoire Européen d’Anticipation Politique/Europe2020 LEAP qui anticipa avec plusieurs mois d’avance la crise de 2008
 

Notes :

(*) Roberto Quaglia a écrit notamment : "Il Mito dell’11 Settembre e l’Opzione Dottor Stranamore", non traduit en français à ce jour. Il tient un site Web d’informations alternatives, Roberto.info

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