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Déc 10

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L’Italie toujours plus au coeur du dispositif européen de l’OTAN

L’Italie se retrouve encore une fois au coeur de l’évolution stratégique de l’Alliance atlantique. À partir de l’année prochaine, le Joint Forces Command (JCF) de Naples, le commandement stratégique allié interforces de l’Europe du Sud, dirigera la Nato Response Force, c’est-à-dire la force d’intervention rapide composée de 25 000 soldats, en mesure d’intervenir en quelques heures dans n’importe quel point du globe. Une Task Force hyper spécialisée disposant de bases, de dépôts de munition et d’infrastructures de soutien essentiellement dans les pays de l’OTAN proches des frontières avec la Russie, la grande puissance contre laquelle Bruxelles entend bien lancer d’autres croisades pour la suprématie mondiale.

Voilà deux ans, le quartier général de la JFC de l’OTAN a été transféré de Bagnoli à Lagos Patria, dans une immense structure ultra-moderne de 85 000 m2 qui a coûté pas moins de 165 millions d’euros. Y travaillent 2100 militaires et 350 civils venant de 22 pays de l’Alliance : Belgique, Bulgarie, Canada, Danemark, Estonie, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Grèce, Italie, Norvège, Hollande, Pologne, Portugal, Republique Tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Turquie, Hongrie et États-Unis d’Amérique. Le site de Lagos Patria a également vu arriver le détachement de l’Union européenne qui supervise les opérations militaires en Bosnie-Herzégovine, ce qui confirme, si besoin était, les liens désormais inextricables entre l’Alliance atlantique et l’Union européenne.

La « nouvelle » OTAN flexible et globale a besoin d’armes toujours plus puissantes et sophistiquées, surtout de drones-tueurs et de systèmes de missiles, mais aussi de têtes nucléaires modernes prêtes à tous les usages. C’est la raison du lancement en Europe d’un programme de modernisation des têtes à chute libre de type B61, dont 90 unités sont installées aujourd’hui dans les bases de Ghedi di Torre (Brescia) et Aviano (Pordenone). Sur le site de Brescia, les zones de stockage des têtes sont surveillées par le 704e Escadron de maintenance des munitions (Munitions Maintenance Squadron, ou MUNS) de l’US Air Force qui en cas de conflit peut armer les appareils des forces aériennes de l’Italie et d’autres pays de l’OTAN.

Les unités nucléaires sont sous la direction de la 16e Air Force, le commandement des forces aériennes US en Europe basé à Aviano avec deux escadrons dotés de chasseurs-bombardiers F-16 capables d’intervenir au niveau régional et en dehors de leur zone sur demande expresse du Commandement suprême allié en Europe (Saceur). La base située dans le Friuli, où travaillent en permanence plus de 4000 militaires et 595 civils états-uniens, fait l’objet d’un programme d’amélioration des infrastructures pour un montant de plus de 610 millions de dollars, dénommé « Aviano 2000 ». En plus des unités de l’US Air Force, se trouvent également à Aviano une centaine de militaires et de contractants chargés de veiller sur les dépôts de l’US Army Africa (USARAF), qui est le commandement pour les opérations terrestres sur le continent africain que le Pentagone a activé voilà 6 ans à Vicenza.

C’est précisément cette ville proche de Venise, patrimoine de l’UNESCO, qui a été promue par le Département US de la Défense comme la « capitale de l’armée des États-Unis basée dans l’Europe du Sud. » De nouveaux dépôts, des centres de télécommunication, des casernements, etc. ont été réalisés pour un montant total de 465 millions de dollars.

Mais le projet le plus coûteux et dévastateur en matière de préservation du territoire et de l’environnement est celui qui a vu la transformation de l’ancien aéroport civil « Dal Molin » en plaque tournante opérationnelle (Hub) pour la 173e Airborne Brigade Combat Team impliquée dans les principales opérations du conflit au Moyen-Orient (Irak, Afghanistan) et plus récemment en Afrique et en Ukraine. La nouvelle infrastructure de Vicenza accueille aujourd’hui les commandements de la brigade et de quatre bataillons, deux provenant d’Allemagne et deux de la base militaire historique de Camp Ederle. A Vicenza aussi, le nombre de militaires US dépasse les 4000 unités.

Plus de 5000 autres soldats états-uniens travaillent à Sigonella, la plus grande installation aéronavale américaine et de l’OTAN pour les interventions en Europe de l’Est, en Afrique, au Moyen-Orient et dans le Sud-Est asiatique. Dans moins de deux ans, la base sicilienne deviendra la capitale mondiale des drones. Cela fait longtemps que les aéronefs sans pilote Global Awk de l’US Air Force décollent de Sigonella pour aller « surveiller » et identifier les objectifs à frapper, dans une zone qui couvre la Méditerranée et l’ensemble du continent africain.

Dans la base aéronavale, est entré en fonction un grand centre de manutention et de réparation des drones de l’US Air Force et de l’US Navy, y compris les tristement célèbres drones-tueurs de type Predator ou Reaper, utilisés pour les bombardements au Moyen-Orient, en Libye, en Somalie, au Mali et au Congo. D’ici 2017, sera mis pleinement en fonction dans cette même base de Sigonella le programme de l’OTAN dénommé Alliance Ground Surveillance (AGS). Ce nouveau système de « surveillance et de reconnaissance » s’articule autour d’un centre de coordination et de contrôle (avec 800 militaires provenant de plusieurs pays de l’Alliance) et cinq aéronefs sans pilote RQ-4 Global-Awk (ci-contre), la version la plus avancée des drones américains.

Toujours en Sicile, 70 km plus au sud, au beau milieu de la réserve naturelle de Niscemi (Caltanissetta), l’une des 4 stations mondiales du système MUOS (Mobile User Objetive System) vient d’être installée ; c’est le nouveau système de télécommunication par satellite à très haute fréquence utilisée par la Marine militaire des États-Unis.

Le MUOS connectera en réseau les centres de communication, de contrôle et de renseignement, les infrastructures logistiques, les sous-marins, les départements en charge des opérations, les missiles Cruise, les avions sans pilote, etc., décuplant ainsi la rapidité et la quantité d’informations transmises sur une même période de temps. Une arme de guerre et de domination planétaire, propriété du Pentagone, et conçue pour son usage exclusif [NdT : Ce n’est pas une installation de l’OTAN, mais bien de l’armée US] qui génèrera de puissants faisceaux électromagnétiques pouvant avoir des effets gravissimes sur l’environnement et la santé des habitants dans une grande partie de la Sicile, et pourra dérégler le trafic aérien civil aux escales et dans les cieux siciliens.

Antonio Mazzeo
Lundi 8 décembre 2014
Traduction Christophe pour IlFattoQuotidiano.fr

Titre original de l’article : L’OTAN globale, sur Megachip

 


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