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Avr 04

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Crise ukrainienne, Poutine prêt à lâcher le dollar

La Russie, « contrainte et forcée » par les sanctions internationales, crée un système indépendant du dollar. Moscou annonce qu’elle vendra (et achètera) ses produits et matières premières, comme le pétrole, en roubles et non plus en dollars. Cela fait un certain temps que Poutine prépare cette transition, avec la création d’un système de paiement en roubles complètement indépendant et protégé du dollar et des spéculations meurtrières des grandes institutions financières occidentales.
Après avoir sanctionné plusieurs banques russes pour punir Moscou suite à l’affaire e la Crimée, les dirigeants de Washington ont reçu un ordre du pouvoir financier leur intimant de faire marche arrière, puisqu’évidemment, les vampires de Wall Street comprennent bien que mettre les banques russes hors de portée de leurs griffes n’est en aucun cas une bonne idée. […]

Pour Wall Street et les organisations financières de la City, des pays comme la Russie devraient toujours conserver une porte financière ouverte, à travers laquelle leur économie réelle puisse être périodiquement saccagée. Ainsi Washington a annoncé que cela fut une erreur d’appliquer des sanctions à l’ensemble des banques russes, mais qu’une seule d’entre elles, la Banque Rossija, devait être frappée de sanctions, pour des raisons de propagande et aussi pour faire un exemple.

Cela a suffi à Poutine, qui cherchait depuis au moins 2007 à lancer un système indépendant basé sur le rouble, un système financier qui s’appuiera sur l’économie réelle et les ressources de la Russie, garanti par ses réserves d’or.
Aucune tolérance pour le saccage et la spéculation financière : une manoeuvre discrète, mais aussi une déclaration d’indépendance que Wall Street prendra [très certainement] comme une « déclaration de guerre. »

Comme le veut la stratégie en judo, l’attaque menée au travers des sanctions a créé la situation idéale pour une mesure « défensive » qui renvoie la force brute de l’adversaire contre lui-même. C’est ce qui se passe actuellement. La Banque Rossija deviendra la première banque russe à utiliser exclusivement le rouble russe.

La manoeuvre n’est pas un secret. Bien au contraire. Un énorme symbole d’un rouble en or sera érigé face à la Banque Rossija à Moscou, « afin de symboliser la stabilité du rouble basé sur les réserves d’or du pays, » explique l’agence Itar-Tass, citant les fonctionnaires de la banque.

En réalité, les fonctionnaires se montrent clairs quant à la volonté de punir les spéculateurs occidentaux qui ont mis à sac leur pays pendant une si longue période : « La Russie, à son stade actuel de développement, ne devrait pas dépendre de valeurs extérieures. Ses ressources internes rendront sa propre économie invulnérable aux manigances politiques. »

Et ce n’est que la première étape, a déclaré Andrej Kostin, président de la VTB, une autre banque déjà sanctionnée : « Nous nous dirigeons depuis déjà quelque temps vers un large usage du rouble russe comme valeur de règlements. Le rouble est devenu pleinement convertible depuis longtemps. Malheureusement, nous avons vu les conséquences essentiellement négatives de cette mesure, sous la forme de fuite des capitaux du pays. L’afflux d’investissements étrangers en Russie fut motivé par la spéculation et a grandement déstabilisé nos marchés d’actions. »

D’après l’agence Itar-Tass, Kostin s’est montré très précis et concret : « La Russie devrait vendre à l’étranger ses produits nationaux, des armes au gaz en passant par le pétrole, en roubles, et acheter les marchandises étrangères également en roubles. Alors seulement nous pourrons utiliser les avantages du rouble en tant que monnaie d’échange internationale. »

Poutine lui-même a poussé pour l’adoption de ce nouveau système lors des réunions au sommet le 28 mars devant les députés de la Chambre haute de la Douma, le Parlement, effaçant les derniers doutes et controverses : « Pourquoi ne le ferions-nous pas ? Il est certain que c’est la chose à faire. Nous devons protéger nos intérêts, et nous allons le faire. Ces systèmes fonctionnent, et ils rencontrent un grand succès dans des pays comme le Japon et la Chine. À l’origine il s’agissait de systèmes exclusivement nationaux limités aux seuls marchés et territoires internes, et à la seule population du pays, mais progressivement, ils sont devenus de plus en plus populaires. »

Umberto Pascali
Jeudi 3 avril 2014, popoff.globalist.it
 

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