Ukraine : les USA et l’U.E. prêts à de nouvelles sanctions contre certains ressortissants russes. Des sources bien informées disent que les sanctions US viseront certains "amis" de V.Poutine, celles européennes viseront les responsables supposés des désordres dans l’Est de l’Ukraine. L’U.E. a publié les noms des 50 personnes sanctionnées dès lundi prochain. Moscou a toutefois fait savoir que cela ne changerait pas sa position vis-à-vis de l’Ukraine, où selon eux, les pro-Russes sont persécutés. Direction Washington, avec l’historien et auteur Webster Tarpley.
Webster Tarpley : L’Europe victime de la… par IlFattoQuotidiano
PTV : L’Occident s’entête à menacer la Russie de sanctions. En cas de sérieuse "guerre de sanctions", qui l’emporterait, au niveau économique ?
WT : Ce serait une catastrophe des 2 côtés, mais une guerre de sanctions a ce potentiel : aujourd’hui nous avons vu l’agence S&P abaisser la note de la dette russe à un cran au-dessus de "junk". Cela a pour effet de détruire potentiellement ce que nous appelons la "globalisation". La "globalisation" est un joli mot pour décrire le système financier mondial unipolaire qui a prévalu depuis 1991. Et le seul vrai moyen d’abattre ce système, ce qui serait d’ailleurs dans l’intérêt d’une grande partie de la population mondiale, serait d’avoir un énorme pays comme la Russie contrainte d’en sortir, et qui répondrait probablement par le contrôle des capitaux et des échanges, avec la nationalisation ou la confiscation des investissements étrangers, le genre de mesure typique de l’approche d’une guerre. Ici à Washington, ils ne le comprennent pas. Il règne ici une psychose russophobe. La classe dirigeante est tellement obnubilée par l’idée d’hégémonie et de monde unipolaire, qu’ils ne réalisent pas que c’est impossible dans le monde d’aujourd’hui, et ils poussent hystériquement pour ces sanctions. Je ne crois pas que ces sanctions fonctionneront ; selon moi, il y aura une importante escalade militaire d’ici 7 à 10 jours maximum. La date qui circule est le 2 mai. On verra une vaste opération des Russes, pas forcément la classique invasion frontalière, mais ce sera spectaculaire, peut-être la défection de plusieurs brigades ukrainiennes, par exemple. En pratique, nous avons une guerre civile, initiée par Brendon, de la CIA, et par le Vice-président Joe Biden. Des porte-parole russes sont tués, et la Russie a élevé la voix toute la semaine, mais les commandements USA, britanniques, et de l’OTAN ne les entendent pas. C’est pourquoi l’Ukraine va au-devant de sérieux ennuis.
PTV : L’Ukraine est-elle donc si importante pour l’Occident, qui semble prêt à affronter la Russie ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?
WT : Nous avons toutes ces révolutions colorées, l’USAID américain, le National Endowment for Democracy. Ils ont dépensé 5 milliards de $ pour fomenter le fascisme en Ukraine ; c’est ce que Mme Nuland a avoué. Ces 5 milliards prouvent qu’ils aimeraient bien piller la région fertile d’Ukraine, les ressources en carbone et en acier, près de Donetsk et dans la région du Dombas. Ils aimeraient aussi couper la Russie de son accès à la Mer Noire. Mais selon moi, quand le calme sera revenu, toute la côte nord de la Mer Noire, depuis la Russie jusqu’à la Transnistrie en Roumanie, sera probablement devenue russe. Le plus grave actuellement, c’est cette hystérie, cette intolérance vis-à-vis d’une puissance assez forte pour dire non, et qui a la capacité historique et culturelle de dire non, comme le fait la Russie actuellement.
PTV : L’Union européenne dépend grandement du gaz russe. Quel sera l’impact de cette crise pour l’Europe ?
WT : Ce serait catastrophique pour 2 pays en particulier : l’Allemagne et l’Italie. D’autres pays mineurs souffriront aussi, mais ces deux-là dépendent des exportations vers les marchés russes, et aussi du gaz russe, pour eux ce serait un désastre. On voit beaucoup de sales coups actuellement, les USA veulent embrouiller l’U.E en lui faisant accepter ces sanctions, qui au final la pénaliseront ! Souvenons-nous que la campagne US et britannique contre l’Euro et contre l’Union européenne est toujours d’actualité. Les Britanniques veulent voir le sacrifice de l’Allemagne et de l’Italie. Et donc, il y a beaucoup de trahisons dans le camp occidental. Mais si cet approvisionnement en gaz devait être coupé, ça serait très grave. Mme Merkel en particulier joue avec le feu, son Union Démocratie Chrétienne a l’appui d’industriels, et de personnes ayant de forts intérêts dans le commerce Est-Ouest. Si elle se met à dos cette base, l’ère Merkel
pourrait se terminer de façon prématurée.
PTV : D’accord. Merci M. Tarpley, en direct de Washington.