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Nov 11

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Qui se bat vraiment contre l’EIIL ? Comment déchiffrer la guerre psychologique en cours ? (Roberto Quaglia)

Interview par une agence iranienne de l’écrivain italien Roberto Quaglia : une analyse des contradictions et des absurdités de la présumée guerre des États-Unis contre les décapiteurs noirs de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).

* * *

Far News Agency : Les États-Unis ont formé en septembre une coalition internationale pour lutter contre les terroristes de l’EIIL. Jusqu’à maintenant, leurs attaques aériennes n’ont pas réussi à arrêter l’EIIL, ni en Irak ni en Syrie. Des pays comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar font partie de cette coalition. Ce qui fait qu’en pratique, ces deux soutiens de l’EIIL  se retrouvent à faire partie de cette soi-disant coalition anti-EIIL. Voilà une étrange contradiction. Qu’en pensez-vous ? Croyez-vous qu’une autre coalition internationale composée de l’Iran, la Russie, la Chine, le Liban, la Syrie et l’Irak devrait être mise sur pied pour en finir avec ce groupe terroriste ?

Roberto Quaglia : Les États-Unis ont déclaré vouloir combattre l’EIIL, mais est-ce vrai ? Ils ont déclaré avoir bombardé les forces de l’EIIL, est-ce vrai ? Ils ont affirmé avoir une stratégie pour affronter l’EIIL, est-ce vrai là aussi ? Si nous allumons nos cerveaux et acceptons d’apprendre les leçons du passé, il faut malheureusement partir de l’idée que toutes les déclarations de l’administration américaine doivent être considérées comme fausses, jusqu’à preuve du contraire. D’autant plus lorsque leur discours est contradictoire au point  de devenir véritablement une insulte à notre intelligence. Par exemple, n’oublions pas que le système de défense anti-missiles très élaboré que les États-Unis prévoient d’installer en Pologne et en République tchèque prend clairement pour cible la Russie. D’après les États-Unis, un tel système de défense est officiellement destiné à protéger l’Europe contre les missiles balistiques iraniens.
Mon hypothèse est que la récente inflation des absurdités américaines n’est pas une erreur, mais une manière intentionnelle de procéder. Le message caché et destiné à tous est le suivant : « Personne ne doit remettre en cause ce que nous disons. N’essayez même pas de ne pas nous croire. »

En outre, l’envoi d’informations contradictoires est une méthode de guerre psychologique.  Quand les gens sont plongés dans la confusion par des situations qui défient la logique, il est démontré qu’ils tendent à être l’objet d’une régression à un état mental plus infantile, au point d’arrêter de remettre en cause les autorités.

Nous devons bien garder en mémoire qu’en matière de criminologie, le meilleur moyen d’identifier un coupable est de vérifier la cohérence des différentes déclarations des suspects, et d’y rechercher des contradictions. Cela aussi devrait nous enseigner quelque chose.

L’EIIL n’est pas apparue par magie, pas plus que tout leur armement sophistiqué et leur approvisionnement en munitions n’est sorti de nulle part. L’histoire des États-Unis qui tombent des nues et se font « surprendre » par l’apparition de l’EIIL est une jolie fable. Les bombardements  américains en Syrie semblent être beaucoup plus animés par l’intention de détruire les infrastructures syriennes que par celle d’en finir avec les forces de l’EIIL. Et maintenant, l’histoire de l’Arabie Saoudite et du Qatar qui rejoignent la coalition mise en place pour combattre l’EIIL fait figure de blague de l’année. 

Evidemment, une coalition entre l’Iran, la Russie, la Chine, le Liban, la Syrie et l’Irak serait beaucoup plus à même de contrer efficacement l’EIIL. En réalité, je crois qu’une telle coalition serait même en mesure de balayer l’EIIL très rapidement, à moins que les soutiens occultes de l’EIIL n’augmentent encore plus leur aide aux terroristes coupeurs de têtes, évidemment.

FNA : Il semble que la frontière entre la Turquie et la Syrie soit le principal point de passage des militants qui cherchent à rejoindre l’EIIL. En outre, la Turquie a demandé l’instauration d’une « No-Fly zone » au prétexte de protéger les réfugiés. La zone « tampon » est-elle destinée à servir d’abri pour les réfugiés ou bien à en faire un paradis pour les terroristes ? Quel rôle la Turquie joue-t-elle vraiment ? Comme vous le savez, il y a un consulat de l’EIIL officiellement ouvert à Ankara, où on peut se rendre pour obtenir un visa. Quelle est votre opinion sur ce sujet ?

RQ : La Turquie joue clairement un rôle de premier plan dans la région, mais un rôle extrêmement discutable, c’est certain.  Elle a exigé une « No-Fly » zone dans la région et cette requête a été présentée aussi dans la liste des exigences formulées par les États-Unis depuis longtemps. Une No-Fly zone avait été instituée en Libye avec l’objectif déclaré de protéger la population civile libyenne, et nous avons tous vu comment cela s’est terminé.

Maintenant, l’EIIL a conquis une grande base militaire syrienne et a mis la main sur au moins 3 avions de chasse. Je crois que cela pourrait servir de prétexte pour finalement instaurer une No-Fly zone dans la région, et faire porter le chapeau aux pays qui aurait éventuellement à redire, en les accusant de « soutenir les terroristes coupeurs de têtes ». Naturellement, la No-Fly zone serait très probablement réservée à un usage exclusif contre les forces régulières du Président Assad. En fait, je ne serais pas surpris que l’EIIL ait été invitée (et peut-être même aidée militairement) à prendre le contrôle de cette base, précisément dans ce but.

J’ai lu moi aussi cette affaire du consulat officiel de l’EIIL à Ankara. Il  est très difficile d’imaginer qu’une chose pareille ait un statut véritablement officiel, même s’il est probable que se trouve là-bas une espèce de bureau de recrutement. Mon impression est que dans toute cette histoire, la Turquie a joué un rôle extrêmement sale. Mais du moment qu’aucun pays occidental ne dénonce la Turquie, cela signifie que ses actions sont parfaitement alignées avec la politique de l’OTAN.

FNA : La Syrie connait des désordres depuis mars 2011, avec des attaques par des bandes organisées bien armées et des terroristes qui s’en prennent aussi bien à l’armée qu’à la population civile. L’insurrection, qui a rassemblé des groupes de terroristes provenant de toute l’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, a donné lieu à l’un des conflits les plus sanglants de l’Histoire récente. Alors que cette rébellion soutenue depuis l’étranger se poursuit en Syrie sans qu’on en voie la fin, le gouvernement US a augmenté son aide politique et militaire aux extrémistes takfiri. Pourquoi les USA ne collaborent-ils pas avec le président Bashar al-Assad pour éradiquer ces groupes de terroristes ?

RQ : Quand les États-Unis parlent de lutte contre le terrorisme, il ne faut pas les prendre au pied de la lettre. Cela fait simplement partie d’un mantra moderne en Occident qui s’est développé pour empêcher les populations de réfléchir.  Les objectifs des USA pour la Syrie sont comparables à ceux qu’ils avaient en Libye. Nous ne devons pas confondre les intentions et les actions des États-Unis avec leurs déclarations sur leurs propres intentions et actions : le lien entre les deux est très faible, en admettant qu’il en existe un.

Samedi 1er novembre 2014
Farsnews.com – – Traduction IlFattoQuotidiano.fr

 

Sources

Notes originales :

(*) Roberto Quaglia, né en 1962, est un écrivain italien primé à de nombreuses reprises pour ses romans de science-fiction, il est aussi auteur de plusieurs essais politiques et sociologiques. Son livre monumental « Il Mito dell’11 settembre » s’attaque aux manipulations liées aux événements du 11-Septembre, et a été traduit dans trois langues (mais malheureusement pas en français – NdT). Ce qui suit est la retranscription intégrale de notre interview de cet écrivain italien.

 


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