Alors qu’il commentait les préoccupations de certains pays vis-à-vis de possibles actions agressives de la part de la Russie, le président Vladimir Poutine a déclaré au quotidien italien Il Corriere della Sera que « seuls ceux qui n’ont pas toute leur tête peuvent imaginer que la Russie puisse un jour attaquer l’OTAN. Soutenir cette hypothèse n’a aucun sens, et est parfaitement infondé. Peut-être que quelqu’un cherche à alimenter cette peur. Je peux seulement le supposer. Par exemple les Américains ne désirent pas vraiment un rapprochement entre la Russie et l’Europe. Je ne l’affirme pas, j’émets simplement une hypothèse. Supposons que les USA veuillent maintenir leur propre leadership sur la communauté atlantique. Ils ont pour cela besoin d’une menace extérieure, d’un ennemi externe pour l’incarner. Et il est clair que l’Iran n’est pas une menace capable de les intimider suffisamment. Alors qui peut engendre cette peur ? Tout d’un coup survient la crise ukrainienne. La Russie est obligée de réagir. Peut-être que tout cela est fait exprès, je ne sais pas. Mais ce n’est pas de notre fait. Je veux simplement vous dire qu’il ne faut pas avoir peur de la Russie. Le monde a tellement changé, qu’aujourd’hui les personnes raisonnables ne peuvent pas tabler sur un conflit militaire sur une échelle aussi vaste. Nous avons bien d’autres choses à faire, je peux vous l’assurer. »
« Que nous dit la réalité des puissances en présence ? Les dépenses militaires des États-Unis sont supérieures à la somme de celles de tous les autres pays du monde. Celles de l’OTAN sont 10 fois supérieures aux dépenses de la Fédération de Russie, laquelle ne possède pratiquement plus de bases militaires à l’étranger. Notre politique ne revêt aucun caractère global, ni offensif, di d’agression. »
Quant à la crise ukrainienne, le président russe a déclaré que la cause en était « totalement artificielle » et était « le résultat d’actions non professionnelles » de la part de l’Occident. « Je voudrais souligner que cela n’est pas du tout un choix de notre part, nous ne l’avons absolument pas voulue, mais nous devons réagir à ce qui se produit, » a insisté Poutine.
À ceux qui accusent la Russie de se comporter de manière agressive, Poutine répond que c’est « l’infrastructure de l’OTAN qui se rapproche de nos frontières. Est-ce là la démonstration de notre agressivité ? Enfin, les États-Unis sont sortis de façon unilatérale des accords ABM sur la défense antimissile, qui était la pierre angulaire sur laquelle reposait une grande partie du système de sécurité internationale. Est-ce là encore une preuve de notre agressivité ? Tout ce que nous faisons est simplement de répondre aux menaces. Et nous le faisons de façon limitée, mais suffisante pour garantir la sécurité de la Russie. Certains s’attendaient peut-être à un désarmement unilatéral de notre part ? J’avais à une époque proposé à nos partenaires américains de construire ensemble, tous les trois, un système de défense antimissile : Russie, États-Unis et Europe. Cette proposition a été refusée. Alors nous nous sommes dit, voilà un système coûteux et dont nous ne connaissons pas encore l’efficacité. »
Mais naturellement, pour garantir l’équilibre stratégique, nous développerons notre potentiel offensif stratégique et nous étudierons des systèmes capables de prendre le dessus sur la défense antimissile. Et je dois dire que nous avons fait des progrès significatifs dans cette direction. »
paru sur L’antidiplomatico, le 8 juin 2015
Traduction Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr
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