Alors qu’éclate la crise ukrainienne entre la Russie et l’Occident, Giulietto Chiesa se rend à une manifestation à Niscemi sur le site de la base américaine qui abritera la future arme du MUOS.
Giulietto Chiesa sur le MUOS américain et la… par IlFattoQuotidiano
* * * Qu’est-ce que le MUOS ? Article du 8 janvier 2013 * * *
Paru dans IlFattoQuotidiano.it
Je ne sais pas combien de personnes savent ce qu’est le MUOS. Le Mobile User Objective System est une base militaire américaine (et non de l’OTAN), installée illégalement au milieu d’une réserve naturelle, à deux pas du village de Niscemi en Sicile.
Hyper secrète. Énorme. On y distingue des antennes immenses de différentes sortes. Les techniciens de l’institut polytechnique de Turin, interpellés par l’administration communale de Niscemi, ont fait une évaluation des risques encourus par la population environnante. Leur rapport est plutôt très inquiétant.
Mais ce qui l’est encore plus, c’est de découvrir que l’ensemble du MUOS constitue une arme stratégique offensive d’un nouveau genre, qui fait partie d’un système regroupant des bases similaires réparties sur plusieurs continents et reliées par un système de satellites géostationnaires, qui permettent aux États-Unis d’Amérique de mener des actions de détection, de contrôle, de guidage de drones, de perturbation et d’attaque.
Selon les études d’impact des ondes émises par ces antennes, menées par deux sociétés américaines, Analytical Graphics Inc (siège social à Exton en Pennsylvanie), et Maxim System (de San Diego, Californie), « les émissions électromagnétiques ultra-puissantes peuvent déclencher la mise à feu des systèmes d’armes » à bord des avions militaires.
Enfin – et l’inventaire ne s’arrête pas là -, il y a de bonnes raisons de croire que les antennes et les paraboles du MUOS sont étroitement liées au projet ultra-secret HAARP (High frequency Active Auroral Reseach Program) mené par l’US Air Force et l’US Navy à partir de la base de Gakona, en Alaska. Un programme que le parlement européen a qualifié de dangereux pour l’homme et pour l’environnement, en demandant aux États-Unis de le suspendre, une requête jusqu’ici ignorée aussi bien par le gouvernement américain que par la Commission européenne(*).
Qui a pris la décision d’établir la base en Italie, et plus précisément en Sicile ? C’est une affaire peu claire, qui commence en 2005. Date à laquelle la région de Sicile, poussée par la population, a cherché plus ou moins maladroitement à stopper ce projet. Avant d’être contrainte de battre en retraite pitoyablement. Et jusqu’à la récente mise sous séquestre de la base par la magistrature italienne. Une initiative encore une fois annulée immédiatement par des « instances supérieures ». En résumé, on ne touche pas à cette base. Le Parlement n’en a d’ailleurs jamais parlé.
Mais un mouvement de protestation est alors né, prenant des proportions considérables. La ministre Cancellieri a ainsi dû s’exprimer devant les chambres à huis clos, pour formaliser la décision du gouvernement, en qualifiant le MUOS de « site d’intérêt stratégique pour la défense militaire de la nation et de nos alliés. » Quel peut être le rapport entre la défense militaire de notre pays et un dispositif d’agression, seule Mme Cancellieri le sait, et ce n’est même pas sûr. Les alliés sont au nombre de un : les États unis. L’injonction est en réalité destinée au nouveau président de la région de Sicile, Rosario Crocetta : n’allez pas vous mettre des idées étranges en tête !
L’avertissement est clair : « Les comportements qui se mettraient en travers de la mise en oeuvre des exigences de la défense nationale et de la libre circulation liée à ces exigences, protégées par notre constitution, ne sont pas acceptables. » Mario Monti, comme les précédents gouvernements de centre-droit et de centre-gauche, après avoir violé à plusieurs reprises l’esprit de la Constitution et l’avoir fait modifier (Loi sur l’équilibre du budget et sur le « fiscal compact ») par un parlement aux ordres, en appelle tout d’un coup à la Constitution en se rappelant de son existence.
Le but est bien évidemment d’empêcher la population de se défendre. Même si on essaie de la mettre, à son insu, dans un four à micro et macro ondes dans lequel ils cuiront, eux et leurs enfants, alors que la Constitution considère comme fondamental le droit à la santé. En outre, la région deviendra ainsi la cible privilégiée et préliminaire en cas de futur conflit.
Je pense qu’il faut fermer cette base militaire et je m’engage personnellement dans ce sens. Je pense que le droit constitutionnel est du côté de la souveraineté populaire, et non de celui ou de ceux qui siègent aux palais et exproprient la démocratie et les richesses.
À toutes les assemblées auxquelles je participe, où que j’aille, je répète que le prochain parlement italien doit rapidement déclarer, lors de ses premières sessions, que l’Italie ne participera plus à aucune action ou mission militaire en dehors de ses frontières. Qu’il le déclare en tout premier lieu, en engageant le gouvernement à respecter sa délibération. Le MUOS est une arme d’agression et non pas seulement de défense. Et elle n’est pas sous le contrôle des lois et des autorités italiennes. C’est pourquoi elle doit être déclarée illégitime et doit être fermée.
Naturellement, je pense que l’Italie doit sortir de l’OTAN, car non n’avons pas d’ennemis autres que les catastrophes naturelles qui s’abattront sur nous en même temps que la croissance du PIL (tant qu’il y en aura un). Et qu’il ne faut pas acheter de nouveaux bombardiers(**) ou de sous-marins, qui ne serviront qu’à nous transformer en cibles privilégiées dans des guerres qu’il est désormais impossible de gagner.
Giulietto Chiesa
8 janvier 2013, IlFattoquotidiano.it
Traduction : IlFattoQuotidiano.fr
Notes de traduction :
(*) Le programme américain HAARP en Alaska a été fermé en juin 2013 (soit 5 mois après la parution de cet article de G.Chiesa) officiellement pour des raisons de budget et de pollution. Voir l’article de Dan Bross du 19 juillet 2014, HAARP Offline sur http://fm.kuac.org/post/haarp-offline
(**) L’Italie s’est engagée à acheter 90 bombardiers américains F-35 pour un peu plus de 4,5 milliards d’euros, un nombre ramené à 45 unités par le nouveau premier ministre italien, Matteo Renzi.