A l’heure où la vérité commence à voir le jour dans l’hexagone sur les véritables sources de financement de l’Etat islamique, à savoir les pétro-monarchies du golfe, avec en toile de fond les Etats-Unis, il parait opportun de revenir sur cet article éclairant paru voilà plus d’un an, qui détaillait la fonction exacte de cette armée de coupeurs de tête, son utilité, et son rôle dans le jeu géopolitique actuel.
* * * (article paru ici-même le 1er septembre 2014) * * *
Une analyse en huit points de pourquoi, comment et dans quel but les USA utilisent les extrémistes islamistes de l’EIIL au Moyen-Orient :
1-. Les corsaires étaient des personnes privées (souvent des armateurs) qui engageaient des capitaines habiles à la navigation pour conduire leurs propres intérêts, et ceux plus politiques de puissances qui leur fournissaient ce que l’on appelait une « lettre de marque». Une telle lettre les autorisait à attaquer et saccager les navires d’autres puissances sous certaines conditions (en général, en période de guerre).
Les activités des pirates et celles des corsaires étaient pratiquement les mêmes. Seules différaient les couvertures politiques officielles. Certains corsaires ont fini leur carrière comme pirates, parfois pendus par ces mêmes gouvernements qui les avaient engagés par le passé.
De fait, les corsaires pouvaient se permettre… des choses qu’un État jugeait éventuellement imprudent, politiquement ou économiquement, de faire.
Une variante à une échelle bien plus grande et plus organisée fut celle des compagnies commerciales dotées de privilèges, comme la fameuse Compagnie anglaise des Indes orientales, qui bien que parfaitement privée (la couronne anglaise ne possédait pas une seule action de la compagnie anglaise) avait carte blanche pour mener des guerres et conduire des activités de gouvernement.
Les corsaires et les pirates ont peuplé l’imaginaire romantique et libertaire de générations de personnes qui, à l’inverse, fronçaient les sourcils sur les activités de leurs mandataires.
Aujourd’hui, l’Histoire ne fait que se répéter. En pire.
2-. Les branches armées de ceux que l’on appelle les fondamentalistes islamistes sont, depuis plus de 30 ans, une forme encore plus perverse de ces compagnies, cette fois au service de l’empire américain. Les premières bases de cette alliance furent jetées pendant la Première Guerre mondiale par des gens comme St John Philby ou Gertrude Bell, de brillants agents anglais hautement qualifiés qui travaillaient en contact étroit avec les princes saoudiens.
On a vu cette alliance à l’oeuvre en Afghanistan dans les années 80, sous la savante baguette criminelle de Zbigniew Brzezinski, puis en Bosnie, au Kosovo, en Tchétchénie, en Libye, en Syrie et maintenant en Irak. Il est probable que ses tentacules se prolongent jusqu’en Inde via le Pakistan, et jusqu’au Xinjiang ouïghour en Chine.
L’EIIL, autrement dit, l’État islamique en Irak et au Levant (Levant étant synonyme de « Syrie ») est une forme plus sophistiquée de cette stratégie corsaire. Plus encore qu’Israël – lequel, étant formellement un État reconnu internationalement, se doit de se soumettre aux lois internationales, même s’il ne le fait pratiquement jamais, s’arrogeant le droit de larges dérogations, et possède une organisation politico-institutionnelle complexe (mais cela compte de moins en moins, là-bas comme ici) –, l’EIIL représente véritablement la quadrature du cercle : un Etat-sans-Etat qui, étant par définition une entité terroriste, a le « droit » de se positionner en dehors de toute légalité. Les USA ont raison de les appeler « organisation terroriste » : le soutien politique direct, et celui organisationnel à travers l’Arabie saoudite, ajouté à l’appellation même qu’ils lui donnent, constituent la fameuse « lettre de marche » fournie par la superpuissance. Autrement dit, ils ont le droit et le devoir d’être des terroristes.
Exactement comme les corsaires d’antan ; sous la couverture trompeuse de « combattants pour la liberté (anti-Assad), ils ont frappé l’imaginaire romantique à la fois de certains naïfs bien-pensants – qui sont parfois, malheureusement, tombés eux-mêmes dans les mailles mortelles du filet – et de soi-disant internationalistes adeptes du Dieu Jupiter. On imagine bien à quel point ils se sentent perdus aujourd’hui. Nous, à l’inverse, nous commençons à distinguer un peu plus clairement les contours d’un objectif bien précis.
3-. Dans les années 80, la Rand Corporation avait déjà « prévu » que les guerres futures seraient un savant mélange de guerres des étoiles et de conflits prémodernes conduits par des entités sous-étatiques. Une prédiction relativement aisée, étant donné que la Rand Corp. faisait elle-même partie du milieu où se préparait un tel scénario. Il s’agit d’une stratégie soutenue par une logique implacable. De fait, si ces « guerres des étoiles » sont poussées à l’extrême, elles ne peuvent que se transformer en un conflit nucléaire. A l’inverse, la guerre façon « corsaire », faite à travers des entités sous-étatiques, comme celle menée par les USA après les premiers coups « orthodoxes » assénés par les génies de Bush et Clinton, a permis à la super-puissance de lancer cette série de « premières frappes » (First strikes) qui auraient été excessivement risquées, et donc pratiquement impossibles, en termes de guerre orthodoxe entre États, même si cela avait été envisagé par le « New Nuclear Posture » élaborée par les Néocons sous Bush Jr.
La débandade générale des concurrents stratégiques survenue dès le début montre bien que ce coup avait quelque chose de génialement criminel. On a même l’impression que tous ces concurrents ont préféré courir le risque de guerres terroristes sous-étatiques plutôt que celui d’un conflit ouvert avec un adversaire sans pitié et toujours plus agressif, car toujours plus en difficulté. Une difficulté qui reste cependant relative et dont nous parlerons plus avant.
4-. Quoi de mieux pour les USA que d’installer dans le centre névralgique de l’Eurasie (déjà objet de tous les désirs et cauchemars du conseiller-devin de Jimmy Carter pour la sécurité, Zbigniew Brzezinski), une État-sans-Etat, un État-zombie, en Être-sans-être, une organisation territoriale qui peut, à l’abri de sa bannière noire de pirate, menacer d’actions épouvantables les États voisins, en partant de la Syrie, de la Russie, de l’Iran, de la Chine, des républiques centre-asiatiques, et en poursuivant le long du couloir qui à travers le Pakistan pénètre en Inde et qui, via le Xinjiang ouïghour, prend la Chine à revers ? Difficile d’imaginer une arme non conventionnelle plus efficace. Très difficile. Voilà un coin redoutable planté au coeur de l’Organisation de Shanghaï.
Non seulement cela, mais l’Europe peut également être menacée (cela n’a-t-il pas déjà eu lieu ?). Cela peut s’avérer utile, si d’aventure elle se montrait un peu trop récalcitrante au projet néoimpérial américain, avec ses corollaires comme l’arnaque du TTIP (futur Traité de libre-échange transatlantique)
La difficulté que rencontrent les États unis, et dont nous parlions plus haut, ne réside pas dans le fait qu’ils auraient entamé un inexorable déclin par on ne sait quelle loi géopolitique ou économique. En réalité, la difficulté réside dans le système capitaliste lui-même, qui aujourd’hui est encore centré sur les USA, chose que l’on peut contester seulement si l’on pense que le système capitaliste est mesurable seulement en termes de profits, de PIB, d’échanges commerciaux et de réserves monétaires. C’est le cas, mais pas seulement, car le système capitaliste est avant tout un système de pouvoir.
De plus, les puissances émergentes ont émergé, « en retard » (il ne pouvait en être autrement), c’est-à-dire lorsque les capacités de destruction militaires, industrielles, écologiques et financières au niveau mondial avaient déjà été massivement hypothéquées par un État-continent dénommé « États-Unis d’Amérique » et par ses vassaux. Il est vrai que nous, pays occidentaux au capitalisme mature, comptons pour 1/7e de la population mondiale, mais cela donne justement la mesure du problème, car nous comptons immensément plus sur le plan de la capacité destructrice.
5-. Le réalisateur Oliver Stone et l’historien Peter Kuznic ont fait remarquer de façon très pertinente qu’avec Hiroshima et Nagasaki, les USA avaient non seulement voulu montrer au monde qu’ils étaient une superpuissance, mais – et cela est bien plus préoccupant – qu’ils n’auraient aucun scrupule à défendre leurs intérêts, et qu’ils étaient prêts pour cela à incinérer en masse hommes, femmes et enfants.
Les populations libyennes, syriennes et irakiennes martyrisées par les corsaires fondamentalistes sont la démonstration macabre de cette absence de scrupules, avec ces épisodes saccadés de génocides plutôt qu’un génocide atomique, bien trop risqué. En ce sens très précis, l’EIIL est utilisé comme arme de destruction massive.
6-. En Occident, cette stratégie demeure incompréhensible à la plupart des gens. Il est vrai qu’elle est complexe, car elle fait appel à un jeu d’intrigues entre différents intérêts, idéologiques ou purement mafieux, mais la chose a de quoi surprendre, car en plus d’être évidente en termes d’objectifs – et parce qu’évidemment les USA les ont eux-mêmes clarifiés -, comme on l’a vu, il ne s’agit en réalité que de la réédition d’une très ancienne stratégie bien connue de tous.
La perception des gens a pu être un brin confuse lors du conflit afghan dans les années 80. Il était alors difficile de faire le lien entre Volker Shock, l’invasion soviétique, et la naissance d’une guérilla islamiste soutenue et organisée par les USA. Certains chercheurs, passant à l’époque pour des farfelus, avaient toutefois faire remarquer les liens entre crise systémique, financiarisation, reaganomanie, conflit géopolitique et reprise d’initiatives néoimpériales par les USA après la déroute du Vietnam (combien de fois a-t-on donné les USA pour vaincus). Je veux parler des chercheurs rassemblés au sein de l’École du « Système-monde ».
Il est cependant singulier qu’une gauche aussi déterminée dans les années 60 et 70 à lutter pour la défense du Vietnam prosoviétique, ait quelques années plus tard fait de l’oeil aux fondamentalistes soutenus par les USA contre une Union soviétique soudain considérée comme l’empire à abattre à tout prix.
Après les Tours Jumelles, début de la 3e guerre mondiale « par morceaux », celle dont vient tout juste de parler le Pape François (il aura vraiment fallu au Vatican plus de 13 ans pour le comprendre ?), le déclin total de la gauche fut annoncé par un spectaculaire chant du cygne : les énormes manifestations contre les guerres de Bush Jr. et les politiques néolibérales globalisées. On était pourtant sur la bonne voie, car il s’agissait de protester précisément contre les deux aspects complémentaires du rapport argent-pouvoir mis à nu par la crise systémique. Mais il a suffi d’une aggravation de la crise vers les centres occidentaux du capitalisme et de l’élection sanctifiée de Barack Hussein Obama pour mettre fin à toute rationalité et pour transformer des centaines de milliers d’ex-militants en soutiens actifs, passifs, ou inconscients de la nouvelle politique impériale.
Je n’exagère pas : il suffit de comparer les quelque 3 millions de personnes dans les rues de Rome en 2003 contre la guerre en Irak, et les 300 (trois cents) manifestants à Rome en 2011 contre celle en Libye.
Mais le pire est que cela ne résultait pas d’un programme sophistiqué de conditionnement, mais de celui de stratégies de communication introduites à l’époque par le dirigeant nazi Goebbels, et réutilisées par les anciens et les nouveaux médias, avec une variante décisive : non seulement les mensonges les plus énormes sont répétés à l’unisson, partout et par tous les moyens, mais on les enveloppe maintenant d’une nouvelle terminologie et de nouveaux concepts qui plaisent beaucoup à la gauche : si le fait de larguer des bombes faisait froncer les sourcils aux gens de gauche, il suffisait de dire que c’étaient des bombes intelligentes ou même, humanitaires, voire, de l’aide humanitaire, sic et simpliciter. L’empire parlait désormais dans un langage à large spectre, qui allait du vocabulaire réactionnaire à celui du progrès, technique, social et politique. Rien de bien nouveau, mais la cible était la société en voie de dislocation du fait de la crise toujours plus féroce, abandonnée et même trahie par ces mêmes intellectuels et ces mêmes politiques auxquels elle s’était confiée et parmi lesquels, malheureusement, les effets mutagènes du langage impérial avaient fait leurs dégâts, même dans les quelques forteresses encore debout.
Comme l’illustrait alors un dessin d’Alan : « le trucage existe, on le voit nettement, bien en évidence, mais personne n’en a rien à faire. » Les vraies raisons devraient être étudiées à fond pour comprendre comment sortir de ces limbes suspendus au-dessus du gouffre.
De toute façon, la « guerre au terrorisme » n’a pas abattu le terrorisme, tout simplement parce qu’il n’y avait aucun terrorisme à abattre. En revanche, elle a détruit des États, d’abord l’Afghanistan, puis l’Irak. Et pendant ce temps, le terrorisme entrait « en léthargie » avant de réapparaitre au travers de certaines démonstrations nécessaires de son existence, comme à Madrid ou à Londres, au coeur de l’Europe. En réalité, il était simplement dans une phase de réorganisation, au sens où on le réorganisait pour de nouveaux théâtres d’opérations, éventuellement peu clairs au début dans l’esprit des stratèges américains, car lors des crises systémiques, même celui qui génère et utilise le chaos en ressent les effets.
7-. Avec Obama , les objectifs et la stratégie se sont peu à peu éclaircis. Une fois l’armée corsaire réorganisée et développée, la nouvelle offensive a été déclenchée, avec cependant deux préludes : le discours d’Obama à l’Université du Caire en 2009, et les « printemps arabes » qui ont commencé l’année suivante.
Dans les deux cas, la gauche a démontré une formidable capacité à ne rien comprendre à ce qui se passait.
Ayant désormais dissocié totalement l’anticapitalisme de l’anti-impérialisme, la majeure partie du « peuple de gauche » s’est fait rouler dans la farine de la bien-pensance des droits humains (inutile de rappeler ici les champions italiens – et français – de cette mélasse), élevant n’importe quel bla-bla en concept et ensuite en paroles d’évangile. Obama dixit. Comme c’est beau. Mais quelle différence entre Obama et ce va-t-en-guerre anti-musulman de Bush ! Avez-vous écouté son discours du Caire ?
Pas le moindre doute sur le fait que l’Empire dictait là la nouvelle doctrine d’alliance à l’islam politique (une alliance dont le centre logistique, financier et organisationnel se trouve en Arabie Saoudite, le fidèle et plus ancien partenaire des USA au Moyen-Orient).
Cela a empiré avec les « printemps arabes ». Même une fois les bombardements sur la Libye commencés, la gauche n’a pas eu le bon sens de revenir sur son propre enthousiasme pour ces « révoltes ». En cela, l’appel aussi démentiel que déplaisant de Rossana Rossanda fut symptomatique, lorsqu’elle invitait les gens à s’enrôler dans les hordes d’égorgeurs de Benghazi (dont le chef arrivait directement de Guantanamo, sous couverture de l’OTAN), comme ce que les antifascistes avaient fait en Espagne.
Un appel qui signait le niveau de corruption aristotélicienne, non pas d’un cerveau vieillissant, mais de plusieurs générations de rêveurs qui ont grandi sous le ciel de l’Empire américain, naturel comme le firmament et invisible comme le temps, et donc non perceptible.
Sous cette coupole étoilée et globalisée, le capitalisme devient non plus un rapport social vivant dans des sociétés et des lieux géographiques concrets, mais un concept qui s’oppose à un autre concept : le « capital » et le « travail ». La chose la moins matérialiste depuis l’époque des discussions sur le sexe des anges.
Dissocier le capitalisme de l’impérialisme est comme prétendre dissocier l’hydrogène de l’oxygène tout en conservant l’eau. Pour un chrétien, c‘est comme vouloir dissocier le Christ de l’Esprit sain. Il reste quelque chose, suspendu entre le livresque et la bien-pensance instinctive aux prises avec tous les démons les plus fourbes et déterminés. Nous sommes arrivés au point où un chef d’État-major, le général Wesley Clark, révèle que la Libye et la Syrie étaient, dès 2001, sur la liste des objectifs sélectionnés par le Pentagone, tandis que de soi-disant marxistes, toujours incurables continuent encore aujourd’hui d’y voir des « révoltes populaires » ; ces révoltes populaires qu’eux-mêmes sont bien incapables de provoquer dans leur propre pays. En somme, les effets de la crise systémique.
8-. Mais tout cela ne constitue d’un ensemble de détails résiduels, qui ne concernent que des détails de l’Histoire, sans réelles valeurs politiques. Ils servent tout au plus à illustrer le phénomène bien plus grave d’une gauche qui arrive face à la 3e Guerre mondiale totalement désarmée, aux niveaux théorique, politique et idéologique. Bien plus désarmé que le « peuple de droite » et bien souvent plus ouvertement du côté des va-t-en-guerre.
Ah, comme Pasolini avait raison quand il pestait contre les « irresponsables intellectuels de gauche » ! Regardez où nous en sommes aujourd’hui !
Il y a pourtant quelques traces de ciel bleu dans cet été plutôt maussade. On ne peut qu’être d’accord avec le Mouvement 5 étoiles et les écologistes de gauche (SEL) dans leur opposition à l’envoi d’armes aux Kurdes (au fait, à quels Kurdes ?).
Il y a des raisons d’être d’accord avec eux, comme l’indécence des exportations d’armes et l’inutilité de la chose pour résoudre le conflit. Mais la vraie inutilité et la vraie indécence résident dans le fait que ce conflit verra la mort de milliers de personnes, dont 90% de civils, comme cela se produit dans tous les conflits modernes , et comme le clament depuis longtemps des organisations comme Emergency.
Le sénateur McCain, électron libre, en apparence, mais en réalité exécuteur plénipotentiaire de la politique de chaos terroriste d’Obama, s’est mis d’accord aussi bien avec le leader du gouvernement régional Kurde en Irak, qu’avec le Califfe de l’EIIL,
Abu Bakr al-Baghdadi, alias Abu Du’a, alias Ibrahim al-Badri, un des cinq terroristes les plus recherchés par les États-Unis, avec une récompense de 10 millions de dollars.
Nous avons les témoignages et les preuves photographiques (et c’est sur ces documents que se base la plainte judiciaire de certaines familles contre le sénateur McCain accusé d’être complice de l’enlèvement par l’ISIS de certaines personnes au Liban).
Tout comme Mussolini avait besoin d’un millier de morts à jeter sur la table des négociations de paix, les USA, l’EIIL et les boss kurdo-irakiens ont besoin de quelques milliers de morts (civils) à jeter sur la scène publique de la tragédie au Moyen-Orient, pour parvenir à la partition en trois de l’Irak et s’accaparer les zones nord-orientales de la Syrie (que l’on arrête de parler des USA et de la Syrie unis contre les terroristes, comme le font certaines fripouilles superficielles au service du régime). Tout cela pour rendre le spectacle plus réaliste.
Cher Mouvement 5 étoiles, et cher Di Battista, et aussi cher SEL (je m’adresse à eux, car ce sont les seuls au Parlement à avoir montré des signes d’intelligence et de décence), vous avez eu une excellente intuition, mais essayez d’aller au-delà de cette intuition, car dans cette crise systémique épouvantable qui est destinée à empirer, la seule intuition ne suffit plus, et tous les contes de fées finissent par devenir des films d’horreur, surtout en matière de politique internationale, un domaine où vous devriez vous armer un peu mieux.
En 1979, Zbigniew Brzezinski avait compris et écrit que le principal problème des États-Unis serait l’Eurasie et qu’il fallait absolument la « balkaniser », en particulier la Russie et la Chine. Au début du siècle dernier, en pleine hégémonie mondiale de l’Empire britannique, le géographe anglais Halford Mackinder écrivait : « qui contrôle l’Europe de l’Est commande le coeur du monde (Heartland) : qui contrôle le coeur du monde commande à l’Ile du monde : qui contrôle l’ile du monde commande au monde. »
L’inlassable va-et-vient de McCain entre Ukraine et Moyen-Orient n’est donc pas un hasard. La pensée dominante est toujours la même. Ce qui a changé, c’est simplement que les USA ont compris qu’il n’était pas nécessaire que ce soit leur armée qui fasse le sale boulot.
Par Piotr
Megachip
Lundi 25 août 2014, 23h58